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Les chiens aussi prennent l’hélicoptère

En cas d’avalanche, deux éléments majeurs influent sur les opérations de sauvetage : la rapidité d’intervention et la coordination des moyens à engager. Parmi les acteurs sur le terrain, aux côtés des sauveteurs du Club alpin suisse, des patrouilleurs des pistes, les chiens et leurs conducteurs, aussi amenés à prendre l’hélicoptère lorsqu’il faut retrouver très vite des personnes ensevelies. Scénario minuté en temps réel ce vendredi au Glacier 3000, au-dessus des Diablerets, orchestré par la Rega et le Secours alpin romand (SARO) pour venir en aide à un groupe de randonneurs en raquettes pris par une avalanche sous l’Oldenhorn à environ 2’800 mètres d’altitude.

En cas d’avalanche, la rapidité des secours est décisive pour la survie des victimes. La coordination des moyens d’intervention – en ressources et en matériel – est effectuée par les opérateurs de la centrale d’intervention 1414 de la Rega. Cette dernière joue un rôle essentiel dans le déploiement des forces d’intervention en coordination avec les spécialistes terrain des colonnes de secours et les centrales d’alarme 144. Il s’agit d’évaluer sans délai les moyens à engager et selon quelles priorités. Sur les cinq dernières années, la Rega enregistre plus de 200 interventions pour venir en aide aux victimes d’avalanches.

Comme le facteur temps est essentiel pour maximiser les chances de survie des victimes, l’hélicoptère est le moyen le plus adapté pour effectuer une première analyse de risques et, si les conditions le permettent, déposer les professionnels et le matériel rapidement et le plus près possible du site d’intervention. Dans un premier temps, un membre des colonnes de secours responsable d’intervention sur le site d’accident (RISA) est chargé de sécuriser le périmètre et d’évaluer les possibilités de s’engager sur le site d’avalanche, puis les conducteurs avec leur chien, et d’autres sauveteurs de la colonne de secours des Diablerets. L’hélicoptère permet les premiers repérages et peut aussi effectuer des recherches au-dessus de la zone d’avalanche pour capter des signaux émis au sol (DVA, Recco) et informer les sauveteurs des colonnes de secours CAS et les patrouilleurs des pistes mobilisés sur le terrain. « Collaborer efficacement ne s’improvise pas, c’est pourquoi, les partenaires du sauvetage, en professionnels prêts à intervenir 24 heures sur 24, s’exercent à ce type d’interventions », relève Christian Reber, Président du SARO. La disponibilité des effectifs du Secours Alpin Suisse, permet aux cantons de garantir le sauvetage en montagne sur leur territoire.

Du scénario à la réalité

Une avalanche a glissé sur le domaine skiable des Diablerets. Plusieurs personnes sont ensevelies, le compte à rebours a démarré. L’hélicoptère H145 de la base Rega de Lausanne s’envole, avec à son bord le trio habituel : un pilote, un médecin et un sauveteur professionnel. Arrivé aux Diablerets, l’équipage fait de la place dans l’aéronef pour embarquer tour à tour le spécialiste RISA, les conducteurs et leur chien, transportés par paires sur le lieu des recherches. Des Diablerets, désigné cette fois comme station intermédiaire, aux contreforts de l’Oldenhorn, et en quelques rotations, l’hélicoptère dépose le premier contingent sur place ainsi que le médecin. Une victime est à demi-ensevelie, ce dernier intervient ainsi directement auprès d’elle. « Dégager une victime d’avalanche dans les 15 premières minutes est le meilleur moyen de préserver ses chances de survie », relève Guido Guidetti, responsable de la formation du Secours Alpin Romand.

« Lorsque notre centrale d’intervention 1414 prononce le mot clé AVALANCHE, elle exige une réaction immédiate de toute l’équipe », explique Werner Marty, pilote et chef de la base Rega de Lausanne, dont un équipage a été mobilisé pour l’exercice. Durant l’hiver, afin de gagner un maximum de temps, le matériel de secours pour avalanche est toujours à bord. En vol, l’équipage décrit une boucle au-dessus de la coulée pour évaluer la situation : possibilité de déposer les sauveteurs, recherches de balises pour localiser un signal, ou encore bandes lancées au sol pour marquer avec précision l’endroit où creuser.

Pour ce type de sauvetage en Suisse, en moyenne trois personnes sur cinq prises dans une avalanche s’en sortent. En cas d’urgence, tout témoin d’une avalanche emportant une ou plusieurs personnes devrait immédiatement alerter la Rega au numéro 1414 ou via l’application mobile de la Rega.

 

Conducteurs et leurs chiens : la relève est vitale 

 

Pour assurer une permanence 24 heures sur 24, il faut un minimum d’équipes à disposition. Or pour cette saison en Suisse romande, le nombre de conducteurs avec leur chien est restreint, onze (dont sept en formation). Ce sous-effectif a pour conséquence d’accroître la pression sur les équipes disponibles. Le cursus des conducteurs et de leur animal court sur trois ans, à raison de deux formations par an, soit 4 à 5 jours en hiver et 3 à 4 jours en été – les compétences des chiens s’entraînent sur diverses surfaces, pas seulement la neige. Ensuite, il s’agit de valider les compétences acquises tous les deux ans.

 

C’est à la fois une vocation et un investissement. Pour l’acquisition d’un chien, le matériel et la formation, il faut compter environ 3'000 francs et près de 200 heures. « Cerise sur le gâteau, les chiens adorent voler en hélicoptère, tous impatients à l’idée d’accomplir la mission pour laquelle ils ont été entraînés », relève Pascal Oesch, conducteur expérimenté.  Les intéressés peuvent contacter la colonne de secours de leur région via www.secoursalpin.ch.

 

La Rega

Fondation indépendante d’utilité publique à but non lucratif, la Rega a pour mission d’apporter une aide aérienne d’urgence médicalisée à toute personne en détresse. Les équipages sont répartis sur douze base d’interventions hélicoptère en Suisse + la base partenaire Rega-HUG de Genève ; ils interviennent 24h sur 24h. Avec ses trois avions ambulance, la Rega intervient dans le monde entier. Fondée en 1952, la Rega peut compter sur l’appui essentiel de plus de 3.5 millions de donateurs, lesquels couvrent plus de 60% de son budget. En 2018, la Rega a organisé plus de 17'000 missions de sauvetage. www.rega.ch

Le Secours Alpin Suisse

Le Secours Alpin Suisse (SAS) est une fondation autonome d’utilité publique financée par la Rega et le Club Alpin Suisse CAS. Le SAS est l’interlocuteur des cantons qui – à l’exception du Valais – lui ont confié les missions de sauvetage terrestre dans leurs montagnes. Le SAS comptabilise 861 missions en 2018 dont 127 à l’actif du Secours Alpin Romand par le biais de ses 13 stations, réparties dans 6 cantons. Les sept associations régionales, dont le SARO, couvrent 90 stations réparties sur l’Arc alpin, préalpin et le Jura ; elles comptent au total près de 3'000 sauveteuses et sauveteurs. www.secoursalpin.ch

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